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le 27 août 2018

Demain, un nouveau monde en marche

Après une année consacrée à décrypter ce que nous avons dans nos assiettes et à cuisiner nos conférenciers, nous nous sommes finalement mis à table le 10 juin 2016 pour clôturer le thème « Une terre pour nourrir le monde ». Au cours des sept conférences de l’année, les conféren- cières et conférenciers invité.e.s ont mis en lumière des mutations, des révolutions, des dangers, des initiatives… Car si le parcours de la fourche à la fourchette est semé d’embûches, il foisonne également de pratiques émer- gentes et de bonnes idées à valoriser. C’est dans ce contexte d’action que l’intervention et la diffusion du film de Cyril Dion Demain, césar 2016 du meilleur documentaire, prennent tout leurs sens. Après ce cycle de conférences / débats, c’est une réponse à toutes celles et ceux qui se sont posé la question : qu’est-ce que je pourrais faire, à mon échelle, pour faire bouger les lignes ? Retour sur la diffusion de ce formidable feel good movie* qu’est Demain. Si vous n’avez pas eu la chance d’assister à l’assemblée plénière du Conseil de développement, il est encore temps de le regarder, et, qui sait, peut-être aurez-vous l’envie, comme les protagonistes du documen- taire, d’apporter votre graine au grand semis du change- ment qui se profile dans nos campagnes et dans nos villes !


Après la 2e révolution au au XIXe et au XXe siècle où tout était basé sur le pétrole, nous avons saturé l’air en CO2. Le changement se produit à toute vitesse, le réchauffement climatique change le cycle de l’eau. Nous sommes entrés dans la sixième extinction de masse. C’est la plus importante depuis notre arrivée sur terre. Il ne s’est produit que cinq extinctions depuis 450 millions d’années, et ça vient vite, une fois que la chimie bascule sur la terre, c’est l’extermination massive.
Jérémy Rifkin, économiste et président de la Fondation pour les tendances économiques

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Un road movie qui donne envie

Au cours de leur road- movie planétaire, Cyril Dion, Mélanie Laurent et leur équipe ont rencontré une multitude d’acteurs qui changent le monde chacun à leur échelle. Ce documentaire, bien au-delà d’un catalogue d’initiatives, est une main tendue vers toutes les bonnes volontés qui souhaiteraient mettre en place des actions chez eux, une véritable bouffée d’espérance. Car, comme le dit si bien Mélanie Laurent, il ne s’agit pas de dire à nos enfants que demain tout ira mieux. Il s’agit de leur montrer que des solutions existent et qu’elles n’attendent que nous pour être mises en place. Et il est grand temps de se bouger, car, selon Tony Barnosky et Liz Hadly, deux chercheurs américains, il nous reste à peine vingt ans pour changer de cap. L’être humain est sur terre depuis quatre millions d’années et c’est maintenant LE moment de changer de cap : « This is the critical time for humanity. » Alors, on se retrousse les manches et on essaie de trouver des solutions. Il y a forcément l’un des thèmes abordés par Demain qui va retenir votre attention. Allez, on y jette un œil ?

L’agriculture : là où tout commence

C’est par la terre que commence l’aventure de Cyril Dion et de ses comparses. Caméras et micros au poing, ils se sont baladés tout d’abord à Détroit, cette ville américaine qui a vécu grâce à l’industrie automobile pendant des décennies et qui s’est trouvée en grandes difficultés à la fin de l’ère industrielle. Entre 1970 et aujourd’hui, cette ville est passée de 2 millions à 700 000 habitants. Les habitants restants, souvent les plus pauvres, se sont vus démunis et abandonnés, et les commerces se faisant de plus en plus rares, il était devenu très difficile de trouver de la nourriture non transformée. Les habitants se sont alors pris en main et ont créé l’association « Keep Growing Detroit ». Il s’agit de fermes urbaines gérées par plus de 20 000 volontaires qui entretiennent 1 400 fermes et jardins bio. Leur objectif : subvenir aux besoins en produits frais de la moitié de la population. L’opération est un succès et se duplique dans de nombreux endroits. Preuve que le milieu urbain et le milieu agricole peuvent faire bon ménage. Lors de sa conférence au CDLA, Christine Margetic, professeur à l’IGARUN, nous avait fait part d’un projet de ZAC au sud-est de Nantes ou les exploitations maraîchères et les habitations se mélangerait : un premier pas vers des fermes urbaines ? Et si on allait même plus loin ? Si l’agriculture était partout en ville ? À Todmorden, ville anglaise désormais connue pour ses Incroyables Comestibles, c’est déjà le cas. On peut donc y manger bio, local (très local !) et recréer du lien social. Cela tombe bien, car, comme Mercedes Erra, présidente de BETC, nous l’avait expliqué lors de sa conférence, c’est exactement ce que souhaitent désormais les consommateurs : de la qualité, de l’humanité et de la proximité. Alors, qu’attendons-nous pour planter un peu de ciboulette sur nos trottoirs ? Et pour ceux qui ne vivent pas en ville ? Eh bien c’est encore mieux, mettezvous à la permaculture ! Dans le documentaire Demain, c’est en France, dans la ferme du Bec Helouin, en Normandie, que s’est rendue l’équipe du film et ce qu’on y découvre peut laisser rêveur ! Comment peut-on produire sur 1000 m2 autant de fruits et légumes que sur 1 hectare, et cela sans pétrole ? Charles et Perrine ont la solution : rangs serrés, cultures associées, outils innovants… Leur activité a un chiffre d’affaires en constante augmentation et, surtout, leur réussite est la preuve qu’il serait possible, comme nous le précisait Serge Papin, PDG de Système U, lors de sa conférence, de créer des milliers de microfermes partout qui approvisionneraient les magasins en nourriture saine et locale, tout en créant de l’emploi, et tout cela sans pollution.


À San Francisco, le tri des déchets, c’est du sérieux et gare à qui se trompe de couleur de bac ! Depuis 2002, La municipalité vise à réduire ses déchets jusqu’à atteindre le niveau zéro, c’est-à-dire plus de déchets dans les décharges. Le programme a commencé par la suppression des sacs plastique dans les supermarchés, remplacés par des sacs en papier payants, mais le point le plus important est l’obligation pour les habitants de recycler. Ceux-ci disposent de trois bacs, un bleu, un vert et un noir, qui servent respectivement au compostage, au recyclage et aux autres déchets. La facture d’enlèvement des déchets mentionne les 3 poubelles, la noire étant bien plus chère au poids que les autres, les habitants ont tout intérêt à la remplir le moins possible au profit des deux autres et donc à trier au maximum leurs déchets. Ce système est gagnant-gagnant car il coûte au final moins cher aux collectivités, qui n’utilisent plus les incinérateurs et qui revendent les matériaux et le compost, tout en créant de l’emploi sur les zones de tri. Évidemment, c’est également une bonne nouvelle pour l’environnement, car les décharges produisent du méthane et d’autres gaz toxiques très polluants.

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L’énergie : celle qui nous tue et celle qui nous sauvera

L’énergie c’est un sujet touchy, comme le diraient nos voisins, car l’énergie c’est le royaume des lobbys. Et si ces grandes puissances électriques, pétrolières et nucléaires ont régné sans partage sur le XXe siècle, il se pourrait bien que le XXIe leur fasse perdre leur couronne. Les énergies renouvelables sont prêtes, elles attendent, tapies dans l’ombre, que les gouvernements leur laissent enfin le champ libre. C‘est le cas dans la ville de Copenhague, par exemple, où se sont arrêtés Cyril Dion et Mélanie Laurent. Là-bas, quatre personnes sur cinq ont un vélo, et 67 % n’utilisent pas la voiture pour leurs déplacements quotidiens. Tous les habitants peuvent se déplacer sans voiture dans un rayon de 80 kilomètres. Cette ville a déjà réduit de 40 % sa consommation en CO2 en vingt ans. Son objectif est de devenir la première capitale neutre en carbone d’ici une dizaine d’années. En 2025, elle devrait être autonome en énergie renouvelable et entièrement autonome en énergie en 2030. L’Islande mais aussi la Réunion proposent de multiples solutions basées sur ces énergies : géothermie, hydroélectricité, agri-énergies… Dans ces endroits, la théorie a depuis longtemps fait place à la pratique et ça marche, alors, qu’attendons-nous ?

De l’économie à « l’écolonomie »

Saviez-vous qu’un dollar investi dans l’économie locale a 2 à 4 fois plus d’impact sur l’emploi que si vous aviez donné votre argent à une multinationale ? Demain, gageons que l’argent ne sera plus une fin, mais un moyen. Au cours de leur périple, l’équipe du film Demain est partie à la rencontre de l’entreprise Pochéco, dans le nord de la France. Cette société ne vit pas pour alimenter toujours plus ses actionnaires, elle est passée à un autre modèle, beaucoup plus efficace et efficient. Dans cette usine de fabrication d’enveloppes, on réinvestit quasiment tous les bénéfices dans l’entreprise, vers toujours plus d’innovation. Chez Pochéco, les toitures végétalisées filtrent l’eau de pluie qui sert à laver les machines, ces dernières utilisant de l’encre végétale. L’eau utilisée par l’imprimerie passe ensuite dans un bassin végétal filtrant dont les bambous seront utilisés pour chauffer l’usine, etc. S’inspirer des cycles naturels est encore une fois la formule la plus efficace. Chez Pochéco, tout est intégré dans un schéma circulaire. Au-delà du côté écologique et avantgardiste, c’est aussi intéressant sur le plan financier. Sur les 10 millions d’euros investis, 15 ont été dégagés, des placements bons pour le portefeuille comme pour la planète ! Vous n’avez pas d’entreprises à moderniser ? Pas de problème, vous pouvez agir quand même sur l’économie en adoptant les monnaies locales. Il y en a 4 000 à travers le monde et certainement une près de chez vous, SoNantes pour les Nantais ou Retz’l pour le Pays de Retz, par exemple. Ces monnaies sont de formidables outils pour dynaPour voir et entendre le conférencier retrouvez sa vidéo « Paroles d’acteurs » sur notre site ! miser l’économie : 1 euro dépensé en supermarché génère 1,40 euro alors que dans les commerces locaux cela atteint 2,50 euros ! En Suisse, Cyril Dion et Mélanie Laurent ont rencontré le fondateur du Franc Wire. Là-bas, cette monnaie ne sert qu’aux PME. Elles l’utilisent pour se fournir les unes chez les autres, en circuit fermé, et font circuler l’argent entre elles. Cette monnaie ne peut pas produire d’intérêt et ne reste donc pas dormir à la banque, elle peut également protéger des coups durs, encore une bonne idée à tester ! Travailler avec différentes monnaies est le moyen le plus sûr d’avoir un fonctionnement monétaire sain. Il suffit encore une fois de s’inspirer de la nature pour comprendre que même l’économie a besoin de diversité. Il est aujourd’hui possible de créer des monnaies sans créer de dettes, en soutenant l’économie locale, en limitant l’évasion fiscale et en limitant les émissions de CO2 . Alors prêts à dire stop à la monoculture budgétaire et à faire circuler votre argent dans votre territoire ?

L’éducation : racine du système

L’école c’est la base, on y apprend à lire, à écrire et à compter, mais elle devrait être aussi un lieu d’apprentissage de la démocratie et du vivre-ensemble, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. En Finlande, le gouvernement table sur un apprentissage de la démocratie et du vivre-ensemble dès le plus jeune âge. Depuis de nombreuses années déjà, une tout autre façon d’enseigner aux élèves. Très peu bureaucrate, ce système ne compare pas les écoles entre elles et les professeurs enseignent plus qu’ils n’évaluent ; sans être eux-mêmes évalués. Le maître-mot : la confiance. Tous les professeurs ont fait cinq années d’études, ont étudié la psychologie infantile et ont déjà de nombreux stages derrière eux lorsqu’ils commencent à enseigner. Dans les classes, ils sont deux pour s’occuper de 15 élèves. Tricot, bricolage et autres travaux manuels sont également au programme. Un système scolaire plus libre, plus social et plus ouvert qui porte ses fruits puisque les résultats des petits Finlandais sont au final meilleurs que ceux de leurs homologues Français avec pourtant 2 000 heures d’enseignement en moins entre 7 et 15 ans.

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